Extrait --- Les fabricants de rédemptions
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1ER DOSSIER
Les Adorateurs des Dieux Profonds
Appartement provisoirement occupé par Brandon Goodman
Normandie Avenue, Los Angeles, Californie, USA
Lundi, 20 avril, 03h00 (heure locale)
Brandon Goodman délaissa le clavier de son ordinateur portable et entreprit de relire son texte à partir du début. Mais il eut beaucoup de mal. Ses yeux s’embrouillaient ; ainsi que ses idées. À cause de l’heure, bien sûr : il était 3h00 du matin. Et il ne s’était pas offert une seule minute de repos depuis son retour dans cet appartement, voilà près de deux heures maintenant. De repos, il n’en avait pratiquement pas pris de tout le week-end, du reste.
Opération : Gourou d’Hollywood... commença-t-il néanmoins à lire dans sa tête en prenant connaissance des premiers mots qu’il avait lui-même tapés au tout début de son compte-rendu :
OPÉRATION : Gourou d’Hollywood
OBJET : Rapport des événements survenus les 18 et 19 avril, à Big Bear Lake, Californie, relativement à la secte des Adorateurs des Dieux Profonds
AUTEUR : Agent Brandon Goodman
DATE : 20 avril
ENDROIT : Los Angeles
Malgré sa fatigue, il se força à poursuivre lentement sa lecture, en corrigeant les fautes de frappe et d’orthographe qui s’étaient glissées ici et là par inadvertance, et en reformulant certaines tournures de phrases qui paraissaient ambigües.
Dans ces pages, Brandon avait relaté de façon très détaillée tout ce qui s’était déroulé durant les deux derniers jours dans le luxueux chalet d’un petit village de montagnes situé à deux heures de route du centre-ville de Los Angeles : à partir de l’ouverture de la cérémonie, samedi, 10h00 ; jusqu’au départ de tous les invités, le lendemain soir, à 23h00 ; c’est-à-dire voilà à peine quelques heures.
Le protocole initiatique n’avait pas représenté une partie de plaisir. Du moins en ce qui le concernait, lui, en tenant compte de sa situation dangereuse d’infiltré.
Dès son arrivée sur les lieux, il avait dû saluer et embrasser avec effusions tous les membres du groupe. Groupe constitué ce matin-là de deux animateurs – un couple – et de vingt-cinq participants – treize hommes et douze femmes – provenant de différentes régions des alentours. Puis, il s’était astreint à écouter les quatre conférences qui s’étaient enchaînées jusqu’à la fin de l’après-midi, et en faisant semblant de s’y intéresser, comme l’exigeait son rôle d’illuminé béat.
Le soir venu, après le gastronomique – et bien arrosé – repas qui avait été servi sur place, et qui était inclus dans le prix du forfait, les initiés avaient été invités à entrer dans une pièce entièrement recouverte d’un tatami et de coussins moelleux afin de procéder à la dernière activité du programme de la journée : la tant attendue méditation tétroïque. Celle-ci s’était en fait prolongée pendant tout le reste de la nuit. Du moins jusqu’à ce que l’épuisement ait eu raison de tout le monde.
Comme d’habitude, à cause d’une certaine gêne, Brandon ne s’était pas attardé sur les détails de cette expérience dans son rapport. Il était sciemment demeuré succinct, en sachant très bien, de toute façon, que son supérieur et ses collègues allaient sourire en coin en prenant connaissance de ce passage.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’il prenait son pied de cette façon depuis son infiltration dans la secte voilà maintenant deux mois. Mais cela faisait partie des exigences de sa mission. Au moins, il n’avait pas profité outre mesure de la situation, s’excusa-t-il. Il avait même fait semblant de s’endormir très tôt en plein milieu de l’orgie, en donnant l’air d’avoir trop abusé du vin et des différents spiritueux qui avaient été servis à volonté.
Puis, le lendemain, après que tout le monde ait eu tant bien que mal récupéré des excès de la veille, le protocole d’initiation s’était poursuivi. Pour ce faire, le saint des saints, la gourou-star en personne de la secte, Jason Moody, dit Bhramal – « le Messager » –, s’était déplacé jusqu’au chalet et avait honoré les invités de son auguste présence afin de rendre cet instant solennel et sacré.
L’agent avait profité de cette occasion pour parler en tête-à-tête avec lui en lui démontrant sa totale dévotion et en lui offrant son aide pour toutes tâches qui requerraient éventuellement ses services. C’était la première fois qu’il en avait eu la possibilité. Après deux mois d’éprouvantes activités clandestines, il était enfin parvenu à établir un contact de personne à personne avec lui. Un des objectifs de sa mission consistait en effet à entrer en proche relation avec cet homme. Mais sans exagérer les flagorneries, évidemment, pour ne pas paraitre louche.
Il espérait avoir bien manœuvré pendant ce moment critique, mais il n’en était malheureusement pas du tout certain. Le Bhramal lui avait posé un tas de questions personnelles embarrassantes à propos de son travail et de sa vie affective, comme s’il avait soupçonné quelque chose de douteux le concernant. De sorte que Brandon avait senti que cet entretien avait davantage ressemblé à un interrogatoire en règle qu’à une discussion fraternelle de maitre à disciple. Mais peut-être faisait-il de la paranoïa. Il se pouvait. Le stress auquel il était soumis l’obligeait à considérer tous les comportements de ses ennemis comme suspects, même les plus anodins.
Bref, après cette éprouvante audience, et une fois tout le reste des rituels accompli, Brandon – Jack Houseman, pour la circonstance – avait été officiellement admis en tant qu’apprenti-novice au sein de la confrérie des Adorateurs des Dieux Profonds. En raison de ce précieux statut, il était dorénavant apte à entreprendre les études nécessaires pour devenir éventuellement l’un des rares Élus de l’univers qui survivraient lorsque la fin du monde – imminente – surviendrait. Mais pour y parvenir, il allait devoir bûcher ferme pour se montrer à la hauteur de ce privilège. Et se dépouiller graduellement de ses avoirs, bien sûr.
— Quelles Bon Dieu de conneries ! s’exclama-t-il en se levant, autant pour oublier ces tordus de sectaires que pour sortir de sa léthargie.
Avant de terminer son rapport, Brandon décida de s’octroyer une pause. Il aurait donné beaucoup pour prendre un peu de sommeil. Mais il ne pouvait pas se le permettre. Pas tout de suite, à tout le moins. O’Brien s’attendait à lire son compte-rendu aussitôt qu’il déposerait le pied dans son bureau, ce matin, et il ne tolérait que très difficilement les retards. L’agent disposait encore de suffisamment de temps, mais il s’endormait comme une marmotte.
Il ne lui restait heureusement que ses recommandations à formuler pour la suite des choses, ainsi que les avances de fonds à calculer et à faire autoriser. Pour entrer dans les bonnes grâces des Adorateurs des Dieux profonds, Brandon avait dû se montrer enthousiaste à s’investir dans leur cause. Ce qui impliquait nécessairement la notion de fric – c’était inéluctable. Pour accélérer son processus de purification, il s’était donc engagé à leur verser – pour commencer – dix pour cent de son pseudo salaire. Ses patrons paieraient, bien sûr, mais en contrepartie, ceux-ci mettraient de la pression pour que cela aboutisse rapidement à des résultats concrets.
Il décida de se rendre au Stancups du coin, jugeant qu’il terminerait quand même son compte-rendu avant l’heure de tombée. L’établissement étant ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, leur excellent corsé lui permettrait de tenir au moins une heure supplémentaire. Une petite promenade de dix minutes à l’air frais lui ferait en outre du bien.
Sur ce, il ferma l’ordinateur, enfila un pull et sortit du studio après avoir fermé la porte à clé.
◊◊◊
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2E DOSSIER
La Voie vers la Libération Éternelle
Bureaux de l’International Journal
Rue de Bercy, 12e arrondissement, Paris, France
Vendredi, 1er mai, 15h40 (heure locale)
Sophie Montfort délaissa le clavier de son ordinateur et massa l’arête de son nez pendant deux longues minutes en gardant les yeux fermés.
Son voisin, Julien Davoine, assis sur sa droite, devina tout de suite qu’elle était aux prises avec des réflexions qui l’attristaient. Depuis trois ans maintenant qu’il travaillait à côté d’elle, il avait appris à décoder quelques-uns de ses états d’âme. Ainsi, alors que pour la majorité des gens, ce geste révélait une fatigue passagère, pour Sophie, cela signifiait que ses émotions étaient ébranlées. Il connaissait même la cause de ce qui la tracassait en ce moment.
— Difficile à comprendre, n’est-ce pas, lui dit-il doucement ?
Sophie se tourna vers lui. Julien vit un reflet miroitant dans le fond de son regard – des larmes ?
— Quoi ? demanda-t-elle en tentant de se ressaisir.
— Oui, reprit-il. J’imagine que tu essaies de t’expliquer ce qui s’est passé dans la tête de cette jeune fille ? (Et comme elle ne répondait pas, il enchaîna.) Tu n’y arriveras pas, Sophie. Contente-toi de rapporter l’événement, comme d’habitude. Et saute à ton prochain sujet.
Julien faisait référence à l’article que sa consœur était en train de rédiger pour l’édition du journal du lendemain. Quelques heures plus tôt, vers 10h30, une étudiante universitaire de vingt-deux ans avait commencé par s’asperger d’essence dans une salle de bain de la station de métro Concorde. Elle était ensuite sortie sur la place publique et avait fait une cinquantaine de pas vers l’avant, comme un robot, à travers les klaxons des automobilistes surpris qui l’avaient contournée en catastrophe.
Puis elle s’était arrêtée. Et c’est alors qu’elle avait allumé un briquet et qu’elle s’était immolée devant une foule de badauds ahuris et horrifiés. Malgré l’intervention de courageux samaritains qui avaient réussi à éteindre les flammes en risquant leur propre existence, la jeune fille luttait encore en ce moment entre la vie et la mort à l’hôpital Saint-Louis. Si elle survivait, elle resterait à tout le moins avec de très graves séquelles.
— Comment peut-on en arriver là ? demanda Sophie, comme si elle se parlait à elle-même.
— C’est l’œuvre de cette secte de tarés dans laquelle elle était embrigadée, lui répondit froidement Julien. Lorsque les gens sont pris dans les griffes de ces malades, ils perdent complètement la raison. Ils deviennent cinglés.
— C’est tellement incompréhensible dans ma tête. Seulement que vingt-deux ans. Brillante universitaire, intelligente et tout. Et en être venue à accomplir ce geste de folie, tu te rends compte ? Et pourquoi au juste ? On n’en sait rien.
— C’est cette secte, que je te dis ! Ils lavent le cerveau des individus au point d’en fabriquer des fanatiques qui abandonnent toutes leurs facultés de jugement. Au moins, en ce qui la concerne, celle-là... Comment elle s’appelle, déjà ?
— Isabelle Deschamps.
— Non, pas la fille. La secte.
— Heu... Les Templiers du Feu Purificateur...
— Ouais, c’est ça. Les Templiers du feu de mes deux ! Il est à espérer que ce sera leur dernière victime. Il s’agit du troisième suicide de la sorte en six mois qui a un rapport avec eux en France. La police sera bien obligée de faire quelque chose de concret, cette fois. Du moins, c’est à espérer qu’ils s’y mettront enfin.
— Mais comment peut-on en arriver là, Julien ? Je ne comprends pas. Je te répète qu’elle était intelligente, cette fille. Elle terminait des études en architecture. J’ai lu les inepties de ces débiles mentaux sur Internet. Comment a-t-elle pu se laisser embarquer dans des bêtises pareilles ?
— C’est parce que tu ignores comment les sectes fonctionnent.
Intriguée par ces paroles, et surtout en prenant soudainement conscience que le ton de son voisin était très dur depuis le début de leur discussion, Sophie ne répondit pas tout de suite. Elle le scruta plutôt plus attentivement. Julien avait maintenant le regard fixé sur son écran d’ordinateur.
— On dirait que tu le sais, toi, émit-elle la constatation.
— Que je sais quoi ?
— Comment elles fonctionnent, les sectes.
— Je me suis un peu renseigné sur le sujet.
— Tu as déjà eu à écrire des articles là-dessus ?
— Non. Je l’ai fait par intérêt personnel.
— Par intérêt personnel ? insista-t-elle, de plus en plus curieuse par ses propos et par son attitude.
— Oui, finit-il par avouer. Lorsque je me suis fait larguer par la femme que j’aime, voilà quelques mois, à cause de l’une d’entre elles, j’ai voulu essayer de comprendre ce qui se passait à l’intérieur de ces regroupements de fanatiques...
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(page 49)
3E DOSSIER
La Loge Universelle des Nobles
Hôtel Stevenson
Rue Sainte-Anne, Québec, province de Québec, Canada
Mercredi, 13 mai, 12h00 (heure locale)
La rencontre avait été rapidement organisée. Cédric Bellefeuille s’était évidemment servi du numéro de téléphone personnel du ministre Paradis intégré dans son portable. Celui-ci avait en outre tout de suite accepté son invitation.
Cédric avait toutefois refusé que cet entretien ait lieu à son bureau officiel de la rue Laurier, à Québec, craignant que la pièce soit truffée de micros. Il était conscient d’être devenu paranoïaque depuis la mort de son père, mais il assumait pleinement ce comportement.
Aussi, lui avait-il demandé de le rejoindre à l’hôtel Stevenson, sur la rue Sainte-Anne, en plein cœur du Vieux-Québec, un endroit chic offrant une bonne table, et où plusieurs politiciens allaient se restaurer et prendre un verre pour se détendre. Et si on les voyait ensemble dans cet établissement, ils pourraient facilement donner le change : Cédric étant le neveu du ministre, ce lien de parenté rendait ce tête-à-tête normal ; et surtout après le tragique événement qui les avait frappés tous les deux.
Cédric remarqua que le chauffeur et garde du corps de son oncle était resté à l’extérieur ; sans doute à la prière de Paul. Celui-ci était un homme humble, et il détestait tout le flafla qui entourait sa fonction. C’était d’ailleurs pour cette raison – pour celle-là et pour bien d’autres – que Cédric l’avait toujours estimé à la même valeur que son propre père. La modestie faisait partie des qualités qui faisaient la noblesse de ces deux personnages à ses yeux. Ainsi que la probité.
— Comment vas-tu, Cédric ? demanda le ministre aussitôt assis, pendant que le serveur lui apportait un martini sans qu’il ait eu besoin de le commander.
— Autant qu’on puisse aller dans les circonstances, répondit celui-ci. Merci d’avoir accepté de me rencontrer, Paul. (Cédric appelait son oncle par son prénom ; ce qui n’enlevait rien au respect qu’il lui vouait.) J’apprécie beaucoup. D’autant plus que tu dois avoir un emploi du temps très chargé.
— Mais je t’en prie. Et puis d’ailleurs, si ça se trouve, je suis sûr que le tien est encore plus rempli. Je sais que vous ne comptez pas vos heures, vous autres, les enquêteurs de la police. Au fait, Cédric, j’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir pris la responsabilité de ce ministère ?
— T’en vouloir ? Mais pourquoi t’en voudrais-je ?
Le ministre baissa le regard, embarrassé.
— Tu avais une entente avec ton père lorsqu’il occupait lui-même cette fonction, non ?
— Tu parles de celle d’avoir mis ma carrière en veilleuse pendant la durée de son mandat ?
— Oui. Ce n’était sans doute pas une situation facile à accepter.
Paul Paradis faisait référence au fait que Bernard Bellefeuille ayant été nommé à la tête du ministère qui chapeautait tous les corps de police de la province, voilà deux ans, il aurait été mal vu que son fils, qui faisait partie du service de police de la ville de Québec, ait bénéficié d’une promotion pendant ce temps-là ; et ce, même si ses compétences le lui auraient permis. Ce qui aurait paru comme une marque de faveur. Et ce qui n’était pas envisageable pour ni l’un ni l’autre. Et ce qui, en plus, se serait éventuellement avéré dangereux, si un journaliste avait mis son nez dans cette affaire.
— Tu te trompes, répondit fermement Cédric. J’étais parfaitement en accord avec cette entente. Tout d’abord parce que je venais tout juste d’obtenir mon poste de sergent-détective par mon mérite personnel. Et ensuite parce que j’aimais mon nouveau travail et que je ne visais pas plus haut avant un bon bout de temps.
— Mais il se pourrait que la même situation se présente une seconde fois du fait de ma propre nomination. Je ne me suis pas encore renseigné sur ce que contient la loi sur l’éthique par rapport aux liens oncle-neveu.
— Et ne vérifie rien de la sorte. Ma position actuelle est exactement la même qu’avec mon père. C’est-à-dire que j’adore toujours mon job d’enquêteur. Et puis, de toute façon, même si je désirais avoir le grade de lieutenant, je ne pourrais pas espérer l’avoir avant quelques années. Dans ces conditions, tu vois : tout est parfait. Ça te rassure ?
— Ce n’est donc pas pour ça que tu as demandé à me rencontrer ?
— Hein ? Pas du tout.
— Ah bon...
— Non, je tenais plutôt à te parler d’un autre sujet. Un sujet beaucoup plus... beaucoup plus délicat, disons. Et ce que je m’apprête à te révéler est strictement personnel.
— Je t’écoute.
— C’est... c’est à propos de mon père, justement, commença-t-il enfin, pour casser la glace.
— De Bernard ?
— Oui, de feu ton beau-frère. Je ne sais pas trop comment aborder l’affaire. Alors, si tu permets, j’y vais directement en te posant une question.
— Laquelle ?
— Est-ce que mon père t’aurait déjà confié avoir reçu des menaces ? Un peu avant son décès, surtout.
— Quelles sortes de menaces ? De mort ?
— De n’importe quelle nature. Et provenant de n’importe qui. Incluant des courriers ou des appels anonymes.
— J’ai cru comprendre qu’il en recevait quelquefois, en effet, par voie électronique. De la part de cinglés, évidemment. La fonction qu’il occupait était sujette à ça. Même moi, à la Culture et aux Communications, j’en recevais quelques-unes de temps en temps. Mais il y a des gens compétents aux services de sécurité qui s’en chargent. C’est dans leurs tâches courantes. Et c’est toujours vite réglé. Pour en revenir à Bernard, il m’en glissait effectivement un mot de temps à autre, mais sans jamais s’en faire avec ça.
— Récemment ?
— Non, pas que je me souvienne.
— Et à sa sœur ? Penses-tu qu’il se serait confié à elle à ce propos-là ?
— À Catherine ?
— Oui, à Catherine, ta femme. Aurait-elle eu vent de quelque chose de ce genre, à ton avis ?
— Elle ne m’en a jamais rien dit, en tout cas. Je vérifierai quand même ce soir avec elle, d’accord ?
— J’apprécierais.
— Pourquoi me poses-tu ces questions, Cédric ? T’aurait-il appris, à toi, qu’il recevait des menaces ?
— Pas directement, non. Mais il semblait très nerveux durant les derniers jours. La journée de… de l’accident, il m’avait même appelé pour me demander si nous allions bien, moi, Nicole et notre fille. Il était très fébrile. Sa voix tremblait. Je ne l’avais jamais senti comme ça. J’aurais juré qu’il avait peur que quelque chose nous soit arrivé, à nous... sa famille.
— Et puis ?
— Et puis, rien. Il ne pouvait pas me parler plus longtemps. Et il avait raccroché rapidement. Et la nuit suivante, il y a eu l’événement.
— Et qu’est-ce que t’en conclus ?
— Rien pour le moment. Je tente juste de m’expliquer ce qui s’est passé ce jour-là. Et peut-être aussi les précédents.
— J’ai l’impression que tu ne me racontes pas tout.
— Je m’en fais probablement pour rien.
— Mais encore ?
— J’associe ce comportement anormal avec... avec l’événement.
— Oui, ça, je l’ai saisi. Mais quel lien fais-tu entre les deux ? On dirait que tu soupçonnes que ton père... (Paul Paradis déglutit bruyamment avant de poursuivre.) Est-ce que tu essaies de me faire comprendre que Bernard ne s’est pas suicidé ?
— Je te répète que je n’ai qu’une vague intuition.
Cette fois, le nouveau ministre de la Sécurité publique prit une longue gorgée de son martini en fixant son neveu avec des yeux démesurément ouverts avant de reprendre :
— Tu penses... Tu penses qu’il aurait été… quoi ? Assassiné ?
— C’est l’impression que j’ai, effectivement.
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