Extrait --- L'or, l'écarlate et le noir - tome 1
PROLOGUE
Je me nomme Vincent Donovan, et je suis un être humain psychologiquement complexe. Des circuits s’entremêlent apparemment dans mon esprit de façon bizarre.
Je ne l’ai moi-même compris, et assimilé – et accepté – que tout récemment. Bien obligé. À force d’insister, la psy que je rencontre depuis un an a enfin trouvé les mots pour que je me regarde bien en face. Ça n’a pas été sans mal. Ni pour elle, ni pour moi. Mais un moment donné, j’ai soudain pris conscience que je n’agissais pas comme la grosse moyenne des ours. Et que j’étais même très différent par rapport à la norme.
À cinquante-sept ans, il était temps que je m’en rende compte. Mais j’en parle maintenant librement.
Cette illumination par rapport à moi-même, malgré la surprise – et heureusement –, n’a été accompagnée d’aucune émotion dévastatrice. Au contraire, elle m’a fait du bien. Et surtout, elle a fait du bien à Nicole.
Tout bien considéré, c’est sans doute elle, en effet, qui a le plus bénéficié de cette démarche. Car peu de temps après m’être moi-même confronté à mon étrange personnalité, j’ai également réalisé à quel point j’avais fait souffrir cette femme tout au long de nos cinq années de liaison affective. Après un survol rapide, mais sérieux, de ma relation amoureuse, j’en ai conclu ceci : soit Nicole m’aime plus que tout au monde, soit elle est une sainte. J’ose espérer que la première raison est la bonne. Ce qui n’exclurait pas la deuxième, par ailleurs.
Mais même ceux qui se rapprochent de la perfection possèdent leurs limites au-delà desquelles ils en viennent un jour à capituler. Et c’est ce qui est arrivé à Nicole, l’an passé, tout comme les autres femmes qui avaient eu l’infortune de me côtoyer avant elle. Un jour, elle en a eu assez, elle aussi. Mais contrairement aux précédentes, au lieu de claquer la porte en me sommant d’aller me faire foutre, Nicole, elle, m’a plutôt fixé un ultimatum de la dernière chance : ou bien je prenais rendez-vous avec un psy – alors que je n’en voyais nullement la nécessité –, ou bien elle me disait adieu dans l’heure suivante.
J’ai pris rendez-vous avec un psy.
Avec une psy, en fait. Mais peu importe.
◊◊◊
Au début, le courant n’avait pas très bien passé entre cette femme, madame Savoie, et moi. Mais ce n’était pas sa faute. Je me suis d’ailleurs excusé auprès d’elle, depuis. Et j’ai bien fait de ne pas balayer cette démarche d’un revers de la main – et Nicole avec, conséquemment – comme j’en ai eu très souvent envie au cours de l’année. Après ma fameuse prise de conscience, il y a deux mois, c’est que j’en ai découvert des choses intéressantes sur les abysses de la psyché humaine. De la mienne, à tout le moins.
Ma psy aussi n’en revient pas. Ce qui prouve le sérieux de mon cas.
En fait, au fur et à mesure de mes révélations de plus en plus spontanées, et mettant à jour les méandres obscurs de ma complexité, madame Savoie a même pensé, un moment donné, de me diriger directo chez un collègue psychiatre, croyant que mon état relevait plutôt de la pharmacologie. Mais elle s’en est abstenue. De toute façon, cette référence aurait été inutile, car ma démarche se serait arrêtée là tout net – je le lui avais dit. Parler de moi, OK. Mais ingurgiter des saloperies de pilules, ça non, jamais. Cette menace ayant été écartée, j’ai continué à ouvrir mes placards en sa compagnie.
Pour tout avouer, il semble que je sois apparemment une sorte de cas psychologique à la limite du problème de santé mentale. En d’autres mots, je me tiendrais en équilibre instable sur la mince ligne rouge qui sépare la simple névrose de la folie psychotique.
Pour décrire mon état, madame Savoie m’a fait comprendre que je me rapprochais de deux phénomènes cliniquement répertoriés : l’autisme et le dédoublement de la personnalité. Par politesse, elle n’a pas utilisé exactement ces termes-là dans ses explications. Mais Internet, oui. J’ai trouvé ça un peu dur à admettre sur le coup, mais néanmoins… intéressant, disons. J’ai donc ravalé, et j’ai décidé de continuer l’introspection ; ma curiosité ayant été émoustillée. Car, à vrai dire, à partir de ce moment-là, j’aurais pu mettre fin à ces rencontres, le but ultime de cette démarche ayant été atteint, en fin de compte ; c’est-à-dire la sauvegarde de ma relation avec Nicole.
Nicole elle-même s’est d’ailleurs rendu compte du changement de mon comportement. Changement aussi soudain que bénéfique en ce qui nous concernait. Ainsi, je lui parle davantage depuis deux mois ; ce qui est un gain considérable pour le succédané d’autiste que je suis.
Mais surtout, j’ai mis un terme à mes sorties secrètes nocturnes ; celles qui consistaient – conséquences de mon pseudo dédoublement de personnalité – à aller combattre le mal incognito dans les rues de la ville. Du coup, cette double vie que je menais depuis toujours est révolue. Ça, par contre, Nicole l’ignore, n’ayant jamais su que je m’adonnais à cette singulière activité. Mais quand même : ne vivant plus avec le malaise de lui cacher cette part sombre de ma nature, je me sens plus détendu, et notre relation gagne en authenticité.
Nous avons donc continué à nous voir, madame Savoie et moi, à raison de deux fois par semaine ; cette fréquence de nos rencontres ayant été établie à ma demande. Ce qui est une preuve de mon nouvel enthousiasme. Car au début, c’est-à-dire l’an dernier, je ne la voyais que deux fois par mois. Et encore : ça, c’était lorsque je ne trouvais pas un prétexte pour annuler.
Depuis ce temps, le fait de raconter ma vie me délivre d’un énorme poids. Tellement que je regrette d’avoir traîné si longtemps avant d’entreprendre cette démarche. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, comme on dit.
◊◊◊
Je n’ai pas toujours été comme ça. Si compliqué, je veux dire. En tout cas, je ne suis pas né comme ça. Jusqu’à l’âge de six ans, j’étais semblable à tous les gamins comblés, ayant grandi au sein d’une famille heureuse et aisée. En vérité, j’étais entouré d’amour. Avec un père et une mère qui n’étaient aucunement avares de démonstrations affectueuses à notre égard, ma sœur et moi.
C’est à six ans que je suis devenu quasi imperméable à mon environnement. De là le lien avec l’autisme dont je parlais plus haut. Mais on s’entend : je ne l’étais pas, autiste. Madame Savoie et Internet m’ont expliqué qu’on ne se transforme pas ainsi, du jour au lendemain, à six ans, et ce, même si on a subi un choc, aussi brutal soit-il. Le problème de l’autisme se déclare à un âge beaucoup plus précoce et est dû à d’autres raisons.
Je n’étais donc pas un enfant autiste, mais je vivais dans ma bulle, ah ça oui ! Et pour m’en sortir, ça prenait de la patience de la part de mon entourage, et une immense confiance – de ma part à moi.
Il faut dire à ma décharge que cela aurait pu être pire. Être le témoin direct de l’assassinat violent de ses parents – à six ans –, ça provoque habituellement un traumatisme aux conséquences dommageables dans la tête du gamin en question. En ce qui me concerne, à partir de ce moment-là, je me suis renfermé dans un cocon invisible duquel il était difficile pour d’aucuns de m’extirper.
Avant de quitter la demeure familiale, à dix-huit ans, pour affronter la grande aventure de la vie, certaines personnes avaient néanmoins réussi à percer ma coquille et à entretenir des relations chaleureuses en ma compagnie. Elles se comptaient toutefois sur les doigts de la main. Il s’agissait en l’occurrence de mes deux grands-parents paternels, de ma sœur Catherine, ainsi que de la seule copine que j’ai fréquentée pendant mes études secondaires – Nadine. Et finalement, il y a eu également Stéphane, mon professeur de karaté.
À part ça, pendant toute mon adolescence, les échanges avec le reste de mon entourage ont été à peu près nuls.
Pour ce qui est de mon deuxième problème psychologique, celui qui s’apparente au dédoublement de la personnalité, il ne s’est manifesté qu’après mon départ de la maison. À dix-huit ans, donc. Mais on s’entend ici aussi : il ne s’agit pas du véritable trouble mental clinique répertorié dans le DSM. Je ne suis pas une sorte de Docteur Jekyll et Mister Hyde. Car cela impliquerait que je changeais de personnalité de façon parfaitement inconsciente. Alors que c’est tout à fait le contraire qui se produisait : mes vies diurne et nocturne étaient menées en toute connaissance de cause, tout à fait volontairement, et j’en gardais le contrôle en tout temps.
Dans le cabinet de ma thérapeute, ces temps-ci, je raconte d’ailleurs les premières aventures que cette névrose m’a fait vivre. Et madame Savoie m’écoute en se demandant quelquefois si je ne cherche pas à me moquer d’elle. Elle ne m’interrompt pas, par contre. Mais je sais qu’elle a été sur le point, à quelques reprises, de m’accoler un troisième diagnostic : délire psychotique, celui-là.
Je ne peux pas lui en vouloir.
◊◊◊
Je mentionnais donc que j’avais quitté le foyer familial à dix-huit ans. Pour aller étudier.
Jusqu’à tout récemment, chaque fois que quelqu’un me questionnait sur les motifs qui m’avaient poussé à entreprendre cette carrière qui a été la mienne, je haussais les épaules en répondant invariablement : « je l’ignore ». Les gens, qui étaient habitués à mes répliques laconiques, n’insistaient jamais. Et je leur en savais gré. Je n’en savais rien, effectivement. En fait, pour dire la vérité, je ne m’étais jamais arrêté à en chercher la raison. Et je ne désirais pas me casser la tête avec ça non plus.
Lorsque j’étais enfant, je me souviens simplement que je souhaitais être journaliste, comme mon père l’avait été. Et ensuite, un moment donné, plus précisément lors de la visite d’un recruteur des forces armées canadiennes à mon école, ça a fait clic ! J’avais trouvé ma voie : je voulais désormais devenir un officier de cette organisation. Et le meilleur, à part ça. Rien de moins. Je n’en démordais plus. Les réponses aux pourquoi, où, qui, comment et tutti quanti n’auraient rien changé à cette décision qui demeurait inébranlable. Tellement que si ma candidature avait été refusée, j’aurais été bien mal pris, car je n’avais aucun plan B.
Décision ne reposant sur rien de bien tangible, à première vue, donc. Ça avait fait clic ! oui. Et c’est tout.
Mais quarante ans plus tard, et après deux mois d’une sérieuse introspection avec madame Savoie, j’ai enfin saisi que le choix de cette carrière – et surtout le fanatisme avec lequel j’allais rapidement la mener – possédait un rapport étroit avec l’image idéalisée que j’avais de feu mon père. Même si je ne les ai pas encore toutes assimilées, j’avoue que les explications de ma thérapeute sont logiques. Du moins, si on tient pour acquis que le comportement de l’être humain est soumis à des forces qu’il n’est pas en mesure de contrôler. Ce qui n’est toujours pas prouvé – et loin de là. Mais pour le moment, j’adhère quand même à cette théorie, car elle a l’avantage de mettre du sens dans le méli-mélo de mes neurones.
De façon très sommaire, voici ce que madame Savoie a tenté de me faire comprendre…
De son vivant, mon père était journaliste d’enquêtes. Et un bon. C’était un homme intègre et motivé d’une soif de justice que l’on ne rencontre habituellement que chez les superhéros masqués des bandes dessinées. Il n’avait pas choisi sa profession au hasard.
Et superhéros, il en était un, justement. Dans ma tête d’enfant, je veux dire. Il était donc normal que je l’idéalise, à l’instar d’à peu près tous les gamins du même âge qui vivent dans un foyer heureux. Je l’idéalisais donc, lui, en tant que père-héros-protecteur. Et j’idéalisais les valeurs qui l’animaient et qu’il s’efforçait de me transmettre depuis ma venue au monde.
Sa mort, violente et brutale, ainsi que celle de ma mère, juste devant mes yeux – et alors que je n’avais que six ans, je le rappelle –, ont exacerbé tout cela. Et pas rien qu’un peu.
Mon père, déjà idéalisé à outrance lorsqu’il était physiquement présent dans ma vie, ainsi que son bagage de valeurs, tout cela a naturellement pris une dimension démesurée dans mon subconscient d’enfant traumatisé, après le meurtre. D’autant plus que mon grand-père, qui se sentait coupable de je ne sais quoi par rapport à son fils, avait pris soin – inconsciemment lui aussi – d’enfermer son souvenir dans une cage de verre à l’épreuve de la moindre médisance, et de déposer celle-ci sur un piédestal. Une statue géante de mon père à l’effigie d’un dieu de l’Olympe dans le milieu du salon n’aurait pas été plus efficace pour détruire mon sens du discernement et du jugement.
Madame Savoie m’a fait comprendre que la description archétype – physique et morale – de l’officier de l’armée, telle que l’avait dépeinte le recruteur lors de sa visite dans mon école, avait probablement incarné l’image idéalisée que je me faisais de mon père depuis son décès. Et elle avait symbolisé à elle seule toutes les valeurs que je voulais moi-même exprimer pour être le digne héritier de sa mémoire : noblesse, courage, bravoure, générosité, honnêteté, vaillance, et j’en passe…
Ouf !
C’était comme si, à la mort de mon père, on m’avait implanté une puce informatique dans le cervelet ; puce contenant le programme qui allait dorénavant dicter mes moindres faits et gestes. Et ça a fonctionné. Je le confirme : pendant toute ma vie, j’ai effectivement été mené, dirigé, par un programme informatique greffé dans mon cortex. Et cela m’a obligé à prendre des décisions pour le moins saugrenues – je dis ça avec le recul –, surtout à partir de mon entrée dans l’école de prestige où j’avais été admis.
◊◊◊
Avant d’entreprendre le récit de ces jeunes et tumultueuses années, je dois préciser encore certaines choses – les dernières…
Au moment de leur décès, mes parents avaient deux enfants : ma sœur Catherine, et moi. Ma sœur avait sept ans et demi. J’en avais six.
Étant donné la disparition simultanée et très subite de nos deux parents, le problème de notre prise en charge par la famille restante s’est donc immédiatement posé. Mais ça n’a pas été compliqué.
Ma mère était à l’origine une anglophone de la Colombie-Britannique. Elle avait rencontré mon père à l’Université McGill, à Montréal, où elle était venue faire ses études. Comme ils avaient décidé de se marier et de s’établir au Québec, elle n’avait plus revu très souvent sa famille, dont les membres résidaient tous à l’autre bout du Canada.
Mon père, quant à lui, était un francophone du Québec. Et il était fils unique d’une famille très aisée, son père ayant fait fortune dans les affaires et étant devenu millionnaire très rapidement.
Mes grands-parents paternels se sont alors gentiment proposé de nous adopter. Les arrangements ont été vite conclus. Mes grands-parents maternels ont considéré qu’il était préférable de ne pas nous éloigner de la province où nous avions grandi et de nous faire profiter du confort matériel que notre millionnaire de grand-père était en mesure de nous offrir. Ils ne nous connaissaient pratiquement pas, du reste. Et nous n’avons d’ailleurs entretenu avec eux que des relations très sporadiques par la suite – à cause de la distance, toujours.
Lorsque mes grands-parents se sont transformés en parents adoptifs, mon grand-père avait déjà pris sa retraite depuis peu, et il s’était installé, avec ma grand-mère, dans une maison de campagne située près d’un minuscule village des Bois-Francs, dans le cœur du Québec.
De sorte qu’en l’espace de très peu de temps, Catherine et moi, en plus d’avoir perdu nos parents du jour au lendemain, avons dû faire face à un certain nombre d’autres changements : nous adapter à de nouveaux parents, tout d’abord – âgés eux-mêmes de plus de soixante ans ; dire adieu à nos amis d’enfance et à nos petites habitudes de quartier ; et passer sans transition de la vie urbaine de Montréal à la tranquillité champêtre de Saint-Wenceslas.
Quand j’y pense aujourd’hui, je me pardonne les quelques sautes d’humeur que je me souviens avoir démontrées.
Catherine s’en est sortie mieux que moi, psychologiquement parlant. Peut-être parce que, contrairement à moi, elle n’avait pas été témoin directe du meurtre de nos parents. C’est possible. Il n’en reste pas moins qu’elle s’est quand même retrouvée orpheline en bas âge, elle également ; et qu’elle a été tout aussi déracinée – brutalement – que je l’ai moi-même été. Mais cela s’est manifesté, dans son cas, par un comportement très différent du mien ; et beaucoup moins problématique, dans un sens.
Il faut dire qu’à la base, Catherine était l’extravertie naturelle de la fratrie, alors que c’était le contraire pour ma part. Conséquemment, je crois – et madame Savoie entérine cette hypothèse –, je crois que le traumatisme que nous avons tous les deux affronté s’est traduit de cette façon : l’extraversion de Catherine s’est décuplée, tandis que moi, de mon côté, j’ai vécu le même phénomène, mais à l’envers : je me suis renfrogné à la limite de l’autisme.
Belle famille…
Ce qui ne nous a pas empêchés de grandir dans une atmosphère très chaleureuse et remplie d’amour et de respect. Mes grands-parents ont veillé à ce qu’il en soit ainsi. Alors, ceci a sans doute compensé cela, jusqu’à un certain point.
N’empêche… Un traumatisme de cette ampleur ne peut survenir sans laisser des traces indélébiles. Je ne le nie pas. Je ne le nie plus, je veux dire. Mes problèmes personnels en font foi. Et ceux de Catherine aussi. Car je suis convaincu, aujourd’hui, que la boulimie amoureuse que ma sœur a traînée tout au long de son existence provient de ce drame que nous avons subi. Enfin, madame Savoie pourrait analyser tout cela, et le lui expliquer elle-même. Pour cela, il faudrait que Catherine décide de la consulter à son tour. Je le lui suggérerai un de ces quatre.
Mais pour le moment, et sans plus tarder, voici le singulier récit que j’ai relaté à madame Savoie au cours des deux derniers mois : celui d’un jeune homme de dix-huit ans partant à l’aventure de la vie avec de sérieuses failles dans le ciboulot.
Récit qu’elle m’a proposé de mettre sur papier. Ce que j’ai fait, en y trouvant d’ailleurs une sorte de satisfaction – ou d’exutoire, c’est selon.
Vincent Donovan
Montréal
Septembre 2014
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